vendredi 7 février 2025

Le blasphème de l'archonte dans le mandéisme

    Le blasphème de l’archonte est un motif très présent dans la littérature dite gnostique. Il consiste à récuser la prétention de l’archonte, identifié au Dieu biblique, à se présenter comme le seul Dieu, tel que l’affirme le prophète Ésaïe : « Moi, c’est moi YHWH, et en dehors de moi il n’y a pas de sauveur » (Ésaïe 43, 11). En effet, cet archonte, souverain du monde de la matière, est en réalité inférieur au Dieu suprême et invisible, connu généralement sous l’appellation de « Père » dans les textes gnostiques Ce motif assure, en partie, l’édifice de la théologie gnostique : le seul Dieu véritable, dont les gnostiques se prévalent, se distingue du Dieu des juifs et des chrétiens de la Grande Église, lequel n’est qu’une créature malfaisante et avilie dont il convient de tourner en dérision la prétention à l’unicité. Ce motif est également attesté dans les textes mandéens. Nous présentons (en téléchargement ici) le texte et la traduction d’un passage du Ginza de droite (81, 11-82, 6). Ce passage met en scène Ruha, personnification de la Sagesse déchue et figure démoniaque. Mariée à son frère Gaf, elle enfanta ‘Ur, prince des ténèbres et souverain du monde créé. Entourée de ses hordes maléfiques, elle vient réprimander son fils ‘Ur, au sujet de sa prétention à se présenter comme la divinité suprême.