Le manifeste intitulé Kiáltó Szó, signifiant « une voix qui crie », que Karóly Kós (1883-1977) publia en 1921 en collaboration avec István Zágoni et Paál Árpád, figure parmi les œuvres les plus célèbres de l’écrivain et architecte hongrois. Rédigé dans le sillage du traumatisme suscité par la signature du traité de Trianon du 4 juin 1920, en conséquence de laquelle la Hongrie fut amputée des deux tiers de son territoire historique, le Kiáltó Szó de Karóly Kós résonne comme un cri de désarroi, mais aussi d’espérance, pour les Hongrois vivant désormais hors des frontières de la mère patrie. C’est précisément aux Hongrois de la nouvelle Roumanie que Karóly Kós s’adresse, leur enjoignant d’agir en citoyens exemplaires sans omettre, pour autant, de défendre vigoureusement leur identité linguistique et culturelle au sein de la société roumaine. Ainsi le manifeste du Kiáltó Szó se présente-t-il, d’emblée, comme un programme politique et culturel destiné à définir la place et le rôle des Hongrois dans l’État multinational roumain.
Nous présentons une traduction française inédite de ce texte, précédée d'une étude des aspects prophétiques de la parole de Karóly Kós. Le document est téléchargeable ici.